Ces derniers jours, certaines pages congolaises sur les réseaux sociaux ont relayé une polémique entourant le jeune footballeur Elezier Mayenda, prétendant que le natif de Saragosse aurait « craché » sur la République Démocratique du Congo. Pourtant, en examinant la véritable source de ses propos, il apparaît clairement qu’il s’agit d’une désinformation montée pour créer du buzz et engranger des likes.
Quand le contexte est manipulé
Dans un entretien accordé au quotidien espagnol AS, Mayenda, attaquant formé en Espagne et évoluant aujourd’hui à Sunderland, n’a jamais mentionné la RDC ni même le Togo, pays d’origine de sa mère. Interrogé sur son avenir international, il a simplement expliqué que porter un maillot autre que celui de l’Espagne n’a jamais fait partie de ses plans.
« Même si je suis à l’étranger, j’ai un lien très spécial avec l’Espagne. (…) Vous pouvez vivre en France ou en Angleterre, mais si vous êtes espagnol, vous êtes espagnol », a-t-il affirmé. Aucun mot, donc, contre la RD Congo ni contre ses origines familiales.
Les réseaux sociaux, entre vérité et manipulation
Cette précision est essentielle : il n’a pas rejeté la RDC, mais a défendu son attachement naturel au pays qui l’a vu naître, qui l’a formé et qui lui a donné une identité sportive. Le reste n’est qu’une déformation malveillante pour faire réagir une opinion publique friande de débats sur les « binationaux ».
Un problème plus profond : l’absence de politique sportive locale
Le cas Mayenda met surtout en lumière un déficit structurel en RDC. Le pays n’a ni véritable stratégie de formation, ni infrastructures sportives solides, ni championnat compétitif capable d’attirer ou de retenir ses meilleurs jeunes. Résultat : l’État congolais n’investit pas, et ce sont d’autres nations – Espagne, France, Belgique, Angleterre – qui forment ces talents grâce à l’argent de leurs contribuables.
Dans ce contexte, il est logique que bon nombre de footballeurs nés ou formés à l’étranger se sentent davantage redevables envers ces pays qu’envers la RDC. Certains, comme Noah Sadiki ou Ngalayel Mukau, ont choisi très tôt de défendre les Léopards. Mais tous n’ont pas la même trajectoire ni la même sensibilité.
Un choix personnel qui mérite le respect
Il faut comprendre que représenter un pays au niveau international est avant tout une décision intime, identitaire et sportive. Ce n’est pas un rejet de ses racines mais l’expression d’un parcours de vie. Stigmatiser ou attaquer ceux qui choisissent l’Espagne, la France ou l’Angleterre n’avance en rien le football congolais : au contraire, cela reflète un manque de respect et d’ouverture.
Former chez nous ou dépendre des autres
Former chez nous ou dépendre des autres
Au lieu de transformer chaque déclaration en scandale, la RDC doit poser un vrai diagnostic : tant que la fédération et l’État ne mettront pas en place une politique sérieuse de formation locale, le pays restera dépendant du bon vouloir de ses « enfants de la diaspora ». Certains viendront par conviction, d’autres patienteront jusqu’à ce qu’un rêve européen s’éteigne.
La solution est claire : créer des centres de formation solides, structurer un championnat digne de ce nom, investir réellement dans la jeunesse. C’est seulement ainsi que la cessera de subir et deviendra une nation capable de former ses propres talents.