Le football congolais traverse une crise profonde, symbolisée par la débâcle persistante de la Linafoot, le championnat national, et les échecs répétés des Léopards lors du CHAN 2020 et 2022. Plongée dans une situation où la passion populaire peine à masquer le malaise structurel.

Un championnat qui ne va jamais à son terme

La Linafoot ne parvient plus à organiser un championnat stable et équitable. La saison 2024-2025, comme nombre des précédentes, n’a pas été menée à son terme. En cause : des contraintes logistiques, des litiges non résolus, des clubs qui libèrent prématurément leurs joueurs, des difficultés de financement, et l’incapacité à respecter les calendriers publiés. Si la programmation allait normalement jusqu’au 22 juillet 2025, la compétition s’est arrêtée brusquement fin juin, laissant en suspens plusieurs journées et forçant la fédération à désigner les représentants pour les compétitions continentales sur dossier et classement incomplet.

Ces interruptions ne sont pas nouvelles. De nombreux litiges se règlent désormais dans les bureaux, à coups de points attribués ou retirés sur tapis vert, souvent après des appels devant le Tribunal Arbitral du Sport. Les décisions y sont rarement cohérentes ou appliquées, créant un climat d’incertitude et de défiance généralisée.

Arbitrage controversé et crise de gouvernance

Le championnat congolais pâtit depuis plusieurs années d’un arbitrage décrié. Les erreurs à répétition, les « arrangements particuliers » et la corruption ont sapé la crédibilité de tout le système. L’Association Nationale des Arbitres a même dénoncé le non-paiement de ses membres en pleine saison 2024-25, accentuant la suspicion de partis pris lors des matchs, alors que la VAR reste une simple promesse jamais réalisée. Des clubs comme V.Club ou Mazembe ont régulièrement protesté contre des décisions arbitrales controversées, qui changent le sort de la compétition.

CHAN 2020 et 2022 : Des Léopards sans griffes

Après une qualification nette pour le CHAN 2020, les Léopards n’ont pas su retrouver leur lustre passé lors du tournoi au Cameroun. La préparation chaotique et le manque de véritable projet de jeu ont empêché le groupe de briller, malgré quelques talents comme Joel Beya lors des éliminatoires. Mais c’est surtout le CHAN 2022 qui a acté la descente aux enfers : tenus en échec dès l’entrée par l’Ouganda (0-0), les Léopards A’ ont été éliminés sans gloire, derniers de leur groupe, subissant de plein fouet l’improvisation permanente, l’absence de cohésion, et une préparation sabotée par les tumultes internes du football congolais.

Fin d’une génération, panne de talents

Il fut un temps où la Linafoot révélait des stars adulées bien au-delà des frontières nationales, à l’image de Trésor Mputu, Matumona Roum, Mbala Biscotte ou Gladys Bokese. Aujourd’hui, force est de constater que plus aucun joueur ne semble capable d’émerger au même niveau. Le système de formation est à l’arrêt, les clubs préfèrent vendre tôt, et la médiocrité du championnat n’incite plus les grandes écuries africaines à y chercher des pépites[13][14][15].

Un système à refonder

À force d’arrangements de coulisses, de points acquis sur tapis vert et de saisons écourtées, la Linafoot n’inspire plus confiance. Les supporters regrettent l’époque où le public venait admirer de véritables talents, et où les Léopards faisaient la fierté du pays sur la scène africaine. Aujourd’hui, l’urgence est à la refondation : reconstruire des instances crédibles, réformer la gouvernance, fiabiliser le calendrier et restaurer la formation des jeunes. Sinon, le football congolais continuera à s’enfoncer dans la crise et la nostalgie d’un passé glorieux qui paraît chaque jour plus lointain.